Arbres lumières

«Ayant ouvert les yeux,
L’homme disait :
Je vois des gens.
Ils ressemblent à des arbres,
Et ils marchent

Des arbres qui marchent!
Ils ne voient pas où ils mettent les pieds
Ils ont les yeux tournés vers le soleil
Alors ils marchent sur la tête

Des arbres qui marchent!
Ils ne savent pas où ils prennent pied
Ils ont la tête agitée par le vent
Alors ils se marchent sur les pieds

Des arbres avec des souliers!
Ça fait jaser les alouettes!
Ça fait tiquer les pâquerettes!
Et les nuages sur leurs têtes
Se tordent de rire
Des rires qui pleuvent

Un arbre
C’est fait pour prendre racines
Plonger ses tentacules aveugles
Dans l’obscurité de la matière originelle
Dans les profondeurs fatales
D’un monde en décomposition
Où les uns se nourrissent
De la pourriture des autres

Dans la jungle souterraine
Foyer de l’inutile et de l’insignifiance
C’est là que le miracle est fécondé
Sur la face bêchée
De la terre incrédule
La vie pointe son nez feuillu
Pour signifier
L’aventure du grain semé
Sur les pas de l’espérance

Les arbres
Ils font des rêves
Quand les oiseaux font leurs nuits
Dans les branches endormies

Les arbres
Ils ont plein de saisons dans les cheveux
Ils ont plein de chemins dans les yeux
Témoins de la marche du temps
Complices de la démarche des hommes

Les arbres
Ils sont le lien
L’intersection
Le trait d’union
Au confluent de l’essence et de la subsistance
Entre le passé et l’avenir
Le geste et la promesse
La semence et le fruit

Des fruits qui meurent d’être
Du désir et du labeur des hommes

Arbre planté dans l’histoire
Et le devenir de l’homme
Depuis le Commencement
Jusqu’au Recommencement
Arbre de la tentation
Arbre de la rédemption

Je vois des gens
Ils ressemblent à des arbres
Qui plongent leurs racines dans le ciel
Eux
Ils voient où mettre les pieds
Eux
Ils savent où prendre pied
Pour donner des fruits de lumière
Des fruits qui demeurent!

 
Lien à la traduction italienne

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